mercredi 11 octobre 2017

Pourquoi la Journée de la fille devrait être importante pour les Canadiens

Le 11 octobre, le monde entier célébrera la 6e édition de la Journée internationale de la fille. La question que de nombreux Canadiens pourraient se poser est : pourquoi est-ce que cela a une importance ici au Canada ?

La réponse est simple. Nos paroles ont de l’importance.

Le récent tollé soulevé par les propos d’un ex-ministre membre du cabinet fédéral qui avait qualifié la ministre de l’Environnement, Catherine McKenna, de « Barbie du climat » en est un exemple. Bien que la condamnation de cet incident ait été rapide, il fait suite à d’autres attaques très publiques contre des femmes, par exemple le cas d’un groupe de gens d’affaires qui avait utilisé une photo du visage du Premier ministre de l’Alberta, une femme, comme cible lors d’un tournoi de golf, ou les attaques et les menaces nauséabondes contre des femmes de diverses sensibilités, actives dans notre vie politique.

Cela a des implications qui dépassent nos frontières. Réfléchissez à la nature du message qui est transmis aux filles de pays qui n’ont pas une longue tradition de protections légales. Si rabaisser les femmes et mettre en scène des violences à leur encontre sont tolérés, que doivent-elles penser alors même qu’elles luttent pour revendiquer leurs droits fondamentaux ? Quelle perception auront-elles des choix qui s’offrent à elles ?

Cette nécessité m’est apparue comme une évidence lors d’une récente visite en Tanzanie et au Swaziland, pays où Carrefour International intervient. J’y ai rencontré de nombreuses filles en situations très précaires et vulnérables, dont des jeunes femmes avec de très jeunes enfants fuyant les mauvais traitements dans un refuge pour femmes récemment ouvert. J’ai demandé à une de ces jeunes femmes ce que son souhait le plus cher serait dans une année, et elle m’a répondu, « vous dire que dans ma communauté il n’y a plus de mutilation génitale féminine. »

Le Canada peut l’aider à réaliser son ambition.

Une réponse apportée par Carrefour International et ses partenaires locaux au Swaziland, au Ghana et au Togo est constituée par les Clubs d’autonomisation des filles. Ces clubs aident les jeunes femmes à partager leurs expériences et à débattre des stratégies leur permettant de revendiquer leurs droits et le contrôle de leur propre corps. Ces clubs ont réalisé d’incroyables progrès dans la signalisation des agressions sexuelles, la réduction du nombre de grossesses chez les adolescentes et la lutte contre le décrochage scolaire des filles.

Grâce à sa Politique d’aide internationale féministe, le gouvernement du Canada répond au besoin de modèles positifs pour l’autonomisation des femmes, le respect et l’inclusion sociale, ainsi que pour des mesures de protection légales. Cela est indispensable pour assurer les droits des femmes et des filles dans les pays du Sud.

Le Canada a reçu internationalement des éloges mérités pour avoir publiquement fait le lien entre la pauvreté et les inégalités entre les sexes.

À présent, le reste du monde observe le Canada. Ceux qui se sentent menacés par le fait que des filles puissent exercer et faire valoir leurs droits n’hésiteront pas à dénoncer l’hypocrisie d’un pays prétendument progressiste embourbé dans des discours toxiques et des débats qui suscitent la division, sans parler de l’absence de progrès sur la question de la justice à rendre aux femmes autochtones.

Dans le rapport de 2016 intitulé Une approche féministe de l’aide internationale du Canada, rédigé par des dizaines d’organisations canadiennes de la société civile, une des stratégies proposées pour obtenir un « changement transformateur » et pour « aborder la question des causes fondamentales des inégalités entre les sexes » est d’améliorer l’éducation du public au Canada même. Nous aurons également besoin de prouver nos résultats.

A l’ONU, le gouvernement danois a récemment passé le relais à Marie-Claude Bibeau, la ministre du Développement international du Canada, pour l’organisation de la 5e conférence « Women Deliver », qui se tiendra à Vancouver en 2019. Ce sera la plus grande réunion mondiale sur la santé, les droits et le bien-être des filles et des femmes, et un catalyseur qui accélérera les progrès sur l’égalité des sexes au niveau mondial. Les Canadiens ne peuvent contribuer à ces progrès qu’à condition d’avoir de la crédibilité au niveau national. Cette crédibilité est menacée quand nous rabaissons aussi facilement les femmes dans le discours public.

Nous avons la responsabilité de montrer la voie. Canada, il est l’heure de « passer de la parole aux actes » concernant la réduction de la violence fondée sur le genre et l’amélioration des droits des filles ; ce qui inclut de dénoncer le sexisme, d’éliminer les discours misogynes et de favoriser une plus grande égalité dans notre propre pays tout en montrant l’exemple à l’étranger.


C’est la Journée de la fille, et les filles du monde entier comptent sur nous.

Article publié dans Vancouver Sun le 9 octobre 2017.