Le 11 octobre,
le monde entier célébrera la 6e édition de la Journée internationale
de la fille. La question que de nombreux Canadiens pourraient se poser
est : pourquoi est-ce que cela a une importance ici au Canada ?
La réponse est
simple. Nos paroles ont de l’importance.
Le récent
tollé soulevé par les propos d’un ex-ministre membre du cabinet fédéral qui
avait qualifié la ministre de l’Environnement, Catherine McKenna, de « Barbie
du climat » en est un exemple. Bien que la condamnation de cet incident
ait été rapide, il fait suite à d’autres attaques très publiques contre des
femmes, par exemple le cas d’un groupe de gens d’affaires qui avait utilisé une
photo du visage du Premier ministre de l’Alberta, une femme, comme cible lors d’un
tournoi de golf, ou les attaques et les menaces nauséabondes contre des femmes
de diverses sensibilités, actives dans notre vie politique.
Cela a des
implications qui dépassent nos frontières. Réfléchissez à la nature du message
qui est transmis aux filles de pays qui n’ont pas une longue tradition de
protections légales. Si rabaisser les femmes et mettre en scène des violences à
leur encontre sont tolérés, que doivent-elles penser alors même qu’elles
luttent pour revendiquer leurs droits fondamentaux ? Quelle perception auront-elles
des choix qui s’offrent à elles ?
Cette
nécessité m’est apparue comme une évidence lors d’une récente visite en
Tanzanie et au Swaziland, pays où Carrefour International intervient. J’y ai
rencontré de nombreuses filles en situations très précaires et vulnérables,
dont des jeunes femmes avec de très jeunes enfants fuyant les mauvais
traitements dans un refuge pour femmes récemment ouvert. J’ai demandé à une de
ces jeunes femmes ce que son souhait le plus cher serait dans une année, et
elle m’a répondu, « vous dire que dans ma communauté il n’y a plus de
mutilation génitale féminine. »
Le Canada peut
l’aider à réaliser son ambition.
Une réponse
apportée par Carrefour International et ses partenaires locaux au Swaziland, au
Ghana et au Togo est constituée par les Clubs d’autonomisation des filles. Ces
clubs aident les jeunes femmes à partager leurs expériences et à débattre des
stratégies leur permettant de revendiquer leurs droits et le contrôle de leur
propre corps. Ces clubs ont réalisé d’incroyables progrès dans la signalisation
des agressions sexuelles, la réduction du nombre de grossesses chez les
adolescentes et la lutte contre le décrochage scolaire des filles.
Grâce à sa Politique
d’aide internationale féministe, le gouvernement du Canada répond au besoin de
modèles positifs pour l’autonomisation des femmes, le respect et l’inclusion
sociale, ainsi que pour des mesures de protection légales. Cela est indispensable
pour assurer les droits des femmes et des filles dans les pays du Sud.
Le Canada a
reçu internationalement des éloges mérités pour avoir publiquement fait le lien
entre la pauvreté et les inégalités entre les sexes.
À présent, le
reste du monde observe le Canada. Ceux qui se sentent menacés par le fait que
des filles puissent exercer et faire valoir leurs droits n’hésiteront pas à dénoncer
l’hypocrisie d’un pays prétendument progressiste embourbé dans des discours toxiques
et des débats qui suscitent la division, sans parler de l’absence de progrès
sur la question de la justice à rendre aux femmes autochtones.
Dans le
rapport de 2016 intitulé Une approche féministe de l’aide internationale du
Canada, rédigé par des dizaines d’organisations canadiennes de la
société civile, une des stratégies proposées pour obtenir un « changement
transformateur » et pour « aborder la question des causes
fondamentales des inégalités entre les sexes » est d’améliorer l’éducation
du public au Canada même. Nous aurons également besoin de prouver nos résultats.
A l’ONU, le gouvernement danois a récemment passé le relais à Marie-Claude Bibeau, la
ministre du Développement international du Canada, pour l’organisation de la 5e
conférence « Women Deliver », qui se tiendra à Vancouver en 2019. Ce
sera la plus grande réunion mondiale sur la santé, les droits et le bien-être
des filles et des femmes, et un catalyseur qui accélérera les progrès sur
l’égalité des sexes au niveau mondial. Les Canadiens ne peuvent contribuer à
ces progrès qu’à condition d’avoir de la crédibilité au niveau national. Cette
crédibilité est menacée quand nous rabaissons aussi facilement les femmes dans
le discours public.
Nous avons la
responsabilité de montrer la voie. Canada, il est l’heure de « passer de
la parole aux actes » concernant la réduction de la violence fondée sur le
genre et l’amélioration des droits des filles ; ce qui inclut de dénoncer
le sexisme, d’éliminer les discours misogynes et de favoriser une plus grande
égalité dans notre propre pays tout en montrant l’exemple à l’étranger.
C’est la Journée
de la fille, et les filles du monde entier comptent sur nous.
Article publié dans Vancouver Sun le 9 octobre 2017.
Article publié dans Vancouver Sun le 9 octobre 2017.