jeudi 19 janvier 2017

Marcher pour les droits des femmes : plus important que jamais

Quel sera l’impact de l’investiture du président élu Donald Trump vendredi sur les droits des femmes et des filles ici au Canada et ailleurs dans le monde? C’est une question à laquelle j’ai beaucoup réfléchi dernièrement.

D’après les déclarations à l’emporte-pièce de M. Trump durant la campagne électorale, il y a matière à inquiétude. Il n’a cessé de dénigrer et d’attaquer verbalement les femmes. Il a promis de couper les vivres à l’organisation de défense de la planification des naissances Planned Parenthood et proféré des propos fallacieux au sujet des droits sexuels et reproductifs. Le New York Times rapportait qu’au lendemain de l’élection, l’équipe de transition de Donald Trump a demandé au Département d’État et à l’agence américaine de développement international (USAID) de dresser la liste de tous les programmes, positions et subventions en matière d’égalité des sexes, de réduction de la violence et de « promotion de la participation des femmes dans les sphères politique et économique ». Ces requêtes ont alarmé bien des militantes et militants des droits de la personne et de l’aide internationale dans le monde.

Puis, quelque chose d’extraordinaire s’est produit. L’invitation lancée sur les médias sociaux par quelques femmes à une marche de solidarité à Washington s’est transformée en un mouvement mondial pour souligner la Journée internationale de l’égalité, de la diversité et de l’inclusion nouvellement proclamée. Ce mouvement réunit maintenant des femmes de tous les milieux et leurs alliés qui défileront pour la paix, la justice et les droits de la personne partout en Amérique du Nord et dans plus de 30 pays.
 
Au Canada, les femmes et les personnes qui sympathisent à leur cause marcheront dans au moins 26 villes. Au moment de rédiger l’allocution que je prononcerai à Ottawa samedi lors de la marche sœur à la grandemarche de solidarité de Washington, je me suis demandé : « Les marches peuvent-elles encore changer les choses dans un monde où les tweets peuvent infléchir les débats, les marchés et les politiques? »

Pour paraphraser le président sortant Barack Obama : « Yes, They Can » (Oui, elles le peuvent).

La mobilisation populaire est une clé maîtresse de la démocratie. Les marches organisées sont des vecteurs essentiels de changement. Comme l’écrivait récemment Jelani Cobb dans un article paru dans le magazine New Yorker : « Les mouvements naissent au moment où des principes abstraits deviennent des préoccupations concrètes. »

La vitesse à laquelle ce mouvement populaire embryonnaire s’est déployé et l’engouement du public montrent à quel point les gens sont prêts à dénoncer la misogynie quelle qu’en soit la source et à s’élever pour une véritable égalité des sexes partout dans le monde.

Toutes les personnes qui, comme nous, luttent pour les droits des femmes dans le Sud savent qu’il ne faut jamais sacrifier des acquis durement gagnés et hautement porteurs d’espoir pour tant de gens. Chez Carrefour, nous voyons comment l’innovation et, surtout, le mouvement de coopération volontaire renforcent l’autonomie des femmes et des filles, améliorent des vies et favorisent le mieux-être des collectivités au Swaziland, au Sénégal, au Ghana, au Togo, en Tanzanie et ailleurs.

Nous pouvons être fiers de l’engagement de notre pays en matière de promotion des droits des femmes, de notre premier ministre affichant son féminisme parmi les dirigeants mondiaux, et des éloges du chanteur Bono du groupe U2 selon qui « le monde a besoin de plus de pays comme le Canada ».

Or, ce sont précisément ce rôle et l’autorité morale que nous exerçons sur la scène mondiale qui nous obligent à faire figure de proue dans la lutte pour les droits des femmes. Le monde a effectivement besoin de plus de pays comme le Canada, et le Canada doit en faire plus pour le monde.

Les Canadiennes et les Canadiens ont l’occasion d’agir dès ce samedi 21 janvier, en participant à l’une des marches qui auront lieu d’un bout à l’autre du pays.

mardi 3 janvier 2017

5 raisons d’être optimiste pour 2017

Les discours conflictuels et la violence infligée à travers le monde aux personnes marginalisées, et particulièrement aux femmes, assombrissent le bilan de l'année 2016. 

Cependant, bien que ce fut une année turbulente à l’échelle mondiale et que de puissants changements politiques annoncent une période d’incertitude importante, je pense que les valeurs de justice, de respect et de solidarité vont ultimement l’emporter.

En fait, ma première année à Carrefour m’a remplie d’espoir. Les listes étant populaires pour les messages de Nouvel An, je vous présente mes cinq raisons d’être optimiste pour 2017 :

1. « Le monde a besoin de plus de Canada »

Le premier ministre Justin Trudeau reconnaît que « la pauvreté est sexiste » et Affaires mondiales Canada considère que la pauvreté et l’égalité des genres sont d’importantes priorités. 

Pour ces raisons et pour d’autres encore, notre pays contribue de façon importante à la scène internationale. C’est vrai, nous pourrions faire plus, tant chez nous qu’à l’étranger, mais le Canada progresse au moins dans la bonne direction.

2. Des injustices mondiales sont en train d’être corrigées

L’attention de la planète a enfin été captée lorsque sont sortis, plus tôt cette année, les rapports sur les violences sexuelles commises en 2015 par des Casques bleus des Nations Unies à l’égard de femmes et d’enfants en Afrique. 

Grâce au leadership et aux pressions de la société civile, les Nations Unies ont enfin assumé leur responsabilité et se sont engagées à agir. Les Nations Unies peuvent et doivent représenter un modèle de conduite pour les États en ce qui a trait au traitement des femmes.

3. Notre travail contribue réellement à changer les choses pour les femmes et les filles

Dans le cadre de son implication au sein de programmes d’autonomisation des filles au Swaziland, au Ghana et au Togo, Carrefour continue d’être témoin de résultats positifs et prometteurs. 

Un nombre plus élevé de cas de violence sont rapportés, les filles restent plus longtemps aux études et le nombre de grossesses chez les adolescentes, un obstacle majeur à l’éducation, a diminué de façon marquée.

4. Nous créons de nouvelles collaborations

La créativité et la collaboration sont essentielles à la réussite des projets de développement. C’est pourquoi nous sommes tellement reconnaissants envers nos partenaires des secteurs privé et sans but lucratif. 

Cette année, nous nous appuyons sur nos partenariats du secteur privé avec Green Beaver, Papillon MDC et l’UNFCS pour augmenter la capacité de production et le leadership des femmes productrices au Sénégal. Je me réjouis aussi de deux nouvelles initiatives qui, grâce à des collaborations novatrices avec l’Ernestine’s Women’s Shelter de Toronto et la Société John Howard, visent à soutenir les femmes et les filles victimes de violence et à mettre fin au cycle de violence.

5. Vous m’inspirez

La coopération volontaire continue d’être le fondement de notre travail ― un travail que nous ne pourrions accomplir sans la contribution des innombrables citoyens du monde qui se dévouent à la justice et à la paix. La quantité de personnes prêtes à partager leur temps, leur passion et leurs idées pour créer un monde meilleur me comble de joie.


À titre personnel, mon année au sein de Carrefour a été une merveilleuse aventure. Je suis choyée de faire partie d’une organisation aussi fantastique que Carrefour. 

Je m’en voudrais d’ailleurs de ne pas mentionner Karen Takacs, dont le dévouement envers l’égalité pour les femmes et les filles influence encore d’innombrables aspects de notre travail. L’un des points forts de la dernière année est sans doute le lancement du Fonds Karen Takacs pour le leadership des femmes, lequel fournit un soutien direct aux organisations qui font la promotion de l’égalité pour les femmes, les filles et les leaders émergentes.

Au nom de toute l’équipe de Carrefour, je vous offre nos meilleurs vœux pour une année 2017 porteuse d’espoir.

Carine Guidicelli